L’on parle beaucoup de servir Dieu sans se douter qu’on peut se servir du service de Dieu pour atteindre des fins personnelles, et qu’un service pour Dieu n’est agréable que s’il est accompli dans l’Esprit de son Fils. Le Fils a servi dans l’esprit du sacrifice alors que beaucoup d’hommes poursuivent l’exaltation de la personnalité et des dons sous couvert du service de Dieu. Ils voient dans l’Eglise le moyen de mettre leurs personnes en valeur et en avant ils prétendent servir Dieu et s’écartent de l’exemple que Jésus a donné en servant Dieu dans l’Esprit de Dieu. Si Jésus-Christ n’a pas servi sans l’Esprit de Dieu, nous ne pouvons pas servir Dieu sans l’Esprit de son Fils. (Lire et méditer Es 42.1-3; Marc 10.45; Act 10.38; Phil 2.5-8).
La mentalité qui prévaut aujourd’hui est aux antipodes de l’Esprit du Fils, de la notion de sacrifice, de renoncement, de dépouillement, d’effacement, d’obéissance. L’on encourage plutôt tout ce qui plaît à la vie naturelle et tout ce qui peut souligner les dons, les droits et les revendications de cette vie. Reconnaissons honnêtement que le « moi » occupe plus souvent le trône que Jésus-Christ. Ce qui plaît à la chair est devenu le critère suprême alors que les exigences de l’Ecriture sont tout simplement ignorées ou méprisées. Une telle situation fait irrésistiblement penser au temps des Juges où il n’y avait plus de roi en Israël et où chacun faisait ce qui paraissait bon à ses yeux (cp Jug 17.6).
Quand le principe d’autorité est enlevé, plus rien ne fait barrage aux débordements du subjectivisme et de l’égoïsme, aux fantaisies du moi, aux caprices de la chair. L’érosion de la mentalité chrétienne a ouvert la voie à l’ anarchie jusque dans la maison de Dieu. Si les Juifs refusaient le gouvernement de Dieu du temps des Juges, il est bien des chrétiens qui refusent aujourd’hui de reconnaître l’existence des conducteurs spirituels et la légitimité de leur autorité, en dépit de textes aussi clairs que 1 Thes 5.12-13, 1 Tim 5 17 et Héb 13.17. Qu’est-ce à dire sinon qu’ils relativisent la vérité et l’autorité mêmes de l’Ecriture! Car, s’ils respectaient pleinement l’Ecriture comme suprême et infaillible autorité en matière de foi et de conduite, ils se soumettraient à son enseignement et à ses exigences et ils ne discuteraient pas l’ autorité des conducteurs établis par Dieu. Seuls l’orgueil, la recherche de l’ autonomie, le désir de « se prendre en charge » soi-même, le refus de la directivité, le principe d’autogestion sont à la base de ce formidable mouvement d’émancipation qui agit comme un ferment dans le monde et dans l’Eglise. Le moment vient donc où le jugement va commencer par la maison de Dieu (cp 1 Pi 4.17), car la maison de Dieu s’est laissé entamer et corrompre par l’ esprit du monde !
Quelques illustrations de l’attitude sacrificielle de l’apôtre Paul
A. Paul s’étonnait de la jalousie et des disputes qui déchiraient les Corinthiens (cp 1 Cor 3.1-3). Attristé par leur esprit de clan fondé sur des préférences humaines: Moi, je suis de Paul moi d’Apollos! (cp 1 Cor 3.4), il s’écriait: Qu’est-ce donc qu’Apollos, et qu’ est-ce que Paul ? Des serviteurs, par le moyen desquels vous avez cru, selon que le Seigneur l’a donné à chacun (1 Cor 3.5).
En ne voulant pas être estimé pour plus qu’il n’était, un serviteur, Paul ne cherchait en aucun cas les applaudissements des hommes. Il acceptait d’être regardé seulement et simplement comme un instrument de la grâce de Dieu. La croix l’empêchait de devenir un personnage important, une vedette religieuse. Ce qu’il était il le devait exclusivement à la grâce de Dieu (cp 1 Cor 15.10).
B. L’unique préoccupation de Paul, comme serviteur de Christ et dispensateur des mystères de Dieu, se résumait à ceci: être trouvé fidèle (cp 1 Cor 4.1-2). Par conséquent il lui importait fort peu d’être jugé par un tribunal humain. Il s’ en remettait au jugement souverain et objectif du Seigneur: Celui qui me juge, c’est le Seigneur (cp 1 Cor 4.4). La croix opérait sur sa sensibilité à l’opinion et au jugement d’autrui. Il remettait sa cause à Dieu qui dispose du temps pour mettre en lumière ce qui est caché dans les ténèbres et pour manifester les desseins des cours. Alors chacun recevra de Dieu la louange qui lui sera due (1 Cor 4.5).
C. Paul se savait libre en Christ. Il n’ignorait pas ses droits: Ne suis- je pas libre?. N’avons-nous pas le droit de manger et de boire ? N ‘ avons-nous pas le droit de mener avec nous une soeur qui soit notre femme, comme font les autres apôtres, et les frères du Seigneur, et Céphas? (1 Cor 9.1, 4-5). Pourtant il acceptait la croix sur sa liberté et sur ses droits, par amour pour les autres en rapport avec la faiblesse de leur conscience! (cp 1 Cor 6.12; 8.9; Rom 14.13; 1 Cor 10.23-24, 28-29). S’il n’usait pas nécessairement de tous ses droits de chrétien et de prédicateur, c’était pour ne pas créer d’obstacle à l’Evangile de Christ (cp 1 Cor 9.6-12). Libre à l’égard de tous il se rendait le serviteur de tous, afin de gagner le plus grand nombre (cp 1 Cor 9. 19). En se faisant tout à tous il s’identifiait – sans compromis avec le mal, ni l’ erreur – à tous ceux qu’ il évangélisait. L’on ne trouvait chez lui ni duplicité, ni hypocrisie, ni rigidité formaliste.
Conclusion
Bien qu’ayant les dons, les droits, la charge et les preuves de l’apostolat, bien qu’ayant eu part à des révélations ineffables, Paul n’ a jamais voulu en tirer une satisfaction personnelle, se prévaloir de rien (cp 2 Cor 12.1-10). Il n’aspirait qu’ à une chose: que Christ, sa vie, apparaisse en lui pour que d’autres soient gagnés à Lui. Nous avons à nous poser cette question: Qui paraît en moi? Est-ce Christ ou le moi ? Il faut que ce soit Christ si je veux servir Dieu agréablement et efficacement.
Car vous êtes morts, et votre vie est cachée avec Christ en Dieu. Quant Christ, votre vie, paraîtra, alors vous paraîtrez aussi avec lui dans la gloire (Col 3.3-4).J.-J. D.